29 décembre 2015 2 29 /12 /décembre /2015 00:18

L'herbier image 27

 

 

 

 

Une aventure du Père Noël     ou    Noël sous la pleine lune

 

 

 

 

Quitter la banquise, la nuit polaire, les vastes étendues vierges pour, arrivé en Europe, se guider aux étoiles, sans la neige pour les refléter, vous avouerez qu’il y a de quoi perturber le plus sage et le plus patient des vieillards.

 

Habituellement, lorsque la neige accompagne son long voyage, tandis que les rennes secouent pompons et clochettes avec le rythme enjoué qu’impose la tradition, l’ancêtre observe. Il s’intéresse, s’emplit l’âme de toutes les beautés qu’il survole. Chaque année il découvre quelques nouveaux détails à ajouter à sa liste des merveilles de la nature et de la créativité des sociétés humaines. Informations qu’il partage en secret avec Stéphane Bern pour l’aider à réaliser ses émissions autour des plus beaux villages ou monuments de France.

 

Mais ce Noël 2015, sans neige sur le plancher des vaches, le noir, le noir, encore le noir ; l’ombre, l’ombre, les ombres. Rien pour égayer le long voyage.

 

Bercé par la monotonie, il s’était endormi et ronflotait doucement dans le ciel.

 

La lune qui s’était fait pleine exprès pour la nuit de Noël, c’est si rare, était contrariée. Pas question pour elle cette année de forcer l’admiration du monde en laissant les reflets de sa chevelure d’argent caresser la Terre.

Pourtant, comme cela aurait été joli d’illuminer la crèche, de laisser couler ses rayons entre l’âne et le bœuf, de magnifier cette nuit déjà si sanctifiée. Quarante ans d’attente et voilà que tous ses plans étaient anéantis.

Tant de répétition, tant de mise au point, tant de rêves réduits à néant.

La vieille Dame s’était mise à pleurer, à hoqueter, à se plaindre. Du plus haut du ciel, on l’entendait crachoter, renifler. Au moins cela manquait de grâce, au pire c’était insupportable. Tellement insoutenable que cela avait réveillé le vieux.

 

Tout contrarié qu’il était lui aussi à cause de l’absence de neige, il s’était fâché :

 

- « Un peu de tenue, cré vin diou ! est-ce qu’on s’écervelle à vouloir se pavaner quand le monde s’écroule et que le réchauffement climatique s’impose goujatement à la fête ?»

 

- « Quarante ans que j’attends, quarante ans, tu te rends compte ?   je me faisais une telle joie ! »

 

- « Et moi donc ! est-ce que je pleure alors qu’il va me falloir chercher à tâtons les cheminées dans le noir ? alors que j’aurais tant besoin de nouvelles lunettes ? »

 

 

Je pourrais continuer à relater leurs échanges, mais cela n’aurait aucun intérêt pour vous et n’apporterait rien de plus à l’histoire. Sachez qu’ils étaient là, à tant se disputer que les rennes, grands amateurs d’harmonie, en perdirent le Nord. La tournée s’annonçait mal ce qui s’avéra par la suite.

 

La distribution fut opérée dans un cafouillis extrême. Quelques erreurs furent rattrapées de justesse. Le vieux eut même toutes les peines du monde à s’extraire d’un conduit de cheminée de toute évidence bien trop étroit pour sa taille. Mais, à sa décharge, comment pouvait-il garder l’esprit clair quand la Lune devenait chaque instant de plus en plus exaspérante ?

 

Quelle étrange cacophonie dans la bouche d’une presque déesse.

 

Les rennes étaient pris de nervosisme. Le tintement des clochettes qu’ils aimaient tant leur était dès lors insupportable. Très vite l’aventure vira au cauchemar, il y eut un accident.

Nul ne saurait en dire précisément les circonstances, mais au hasard d’un virage un peu brusque, en abordant le toit d’un immeuble, voilà que le vieux avait été projeté par une fenêtre ouverte, dans un appartement où il n’y avait même pas d’enfant. 

Il y avait là deux ou trois matous qui s’ennuyaient dans la nuit presque noire, en reluquant un sapin de Noël factice mais illuminé, installé sur un suspensoir à plante et tout chargé de boules aussi attrayantes qu’inaccessibles.

En voyant surgir le bonhomme Noël, tout rouge et tout essoufflé, en roulé-boulé dans le salon, pris de frayeur, ils se mirent à cracher et toutes griffes dehors ils poursuivirent le vieux qui n’eut d’autre solution que de grimper dans l’arbre et de se réfugier parmi les guirlandes.

Les trois matous postés au sol, têtes levées, ne le quittaient pas du regard. Ils attendaient que le suspensoir, qui grinçait de façon inquiétante, cède sous son poids.  Patience féline !

Le vieux bonhomme Noël, avec l’ardeur du désespoir, se mit à siffler ses rennes tandis que la lune intriguée s’était tue et observait avec grand intérêt la scène par la fenêtre.

Lorsque le suspensoir céda, les rennes qui avaient eu quelques difficultés à se positionner venaient juste de se placer à la fenêtre. Le père Noël, sans demander son reste, fila comme une étoile jusqu’au chariot qui disparut aussitôt dans la nuit.

La Lune avait retrouvé sa bonne humeur, elle riait, mais pas trop fort car le bonhomme fulminait.

Les chats, vite remis de leur frayeur, jouèrent  comme des fous avec les boules du sapin durant tout le restant de la nuit.

 

Au petit matin, (ce que c’est que l’injustice !) les maîtres de la maison voyant le sapin au sol, grondèrent les chats qui furent accusés du forfait.

Mais les chats, en leur grande sagesse, gardèrent le silence.

Qui aurait cru une telle histoire ?

 

Adamante (sacem)

 

 

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1 février 2013 5 01 /02 /février /2013 23:31

 

 


 

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Balam le Jaguar dessin ©Adamante

 

 

Ici la découverte des dessous d'un conte

Suite à mes spectacles au Centre Mandapa

 

 

JAGUAR-extrait-statue.jpg

Photo ©G.Destal

 

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La tortue naît de la Terre. Photo ©G.Destal

 


18 février 2012 6 18 /02 /février /2012 01:45

         

Le conte5 copie

 

 

Je rentre

Je suis en retard

déjà la ville

murmure ses lumières

à la rue.


Ils sont tous là

à m’attendre

l’air patient

mais je le vois bien

ils piaffent.

Le livre ouvre un œil

Il a l’air de rien

il me la joue indifférent

mais

en le prenant en main

je sens bien qu’il tremble...

La page s’ébroue

elle écrit en bleu

le grand V de la victoire

celui de la lumière

qui a vaincu

les ténèbres

les ombres

de la guerre

De vieilles pierres respirent

j’entends leurs soupirs de satisfaction

la paix

enfin

est là.

Victoire !



Famille-chat

 

Une patte se pose sur l’image

elle se trouble

les pierres disparaissent

voilà que des trognes

étranges

sombres

se dessinent

se déploient

explosent littéralement

sur le bleu du ciel

à présent teinté de blanc

moutonneux

là, sur la page complice

Elles me rappellent

une gargouille,

croisée un soir d’hiver,

l’air rébarbatif

qui chassait le démon

aux abords du cimetière

à la pleine lune


P1060360lune diffuse copie

 

 

Le livre se met à rire

les Esprits s’échauffent

voilà qu’une ombre

se projette devant la lune

c’est une marmotte

à cheval sur un balai

une « marmocière savoyarde»

pour être précise

Sur la terre

tout en bas

les gentianes

ont fleuri


la « marmocière » s’écrie :


« Jolie gentiane rouge avant que l’été ne soit mort

tu annonces ce que sera la neige aux hommes éveillés

parole de fleur vaut mieux que parole de savant

pour rêver. »

 

101103 Solyzaan MijotyGRISada

    Ah les sorcières !


On les dit pleines de mauvaises pensées !

Médisance ! jalousie !


C’est si bon les mauvaises pensées

elles nous enchantent l’Esprit

affirment son indépendance

ce sont des compagnes secrètes et troubles

qui mettent du piment dans nos vies.


Tiens, si je roulais les r

Et si j’avais comme Dali

des moustaches dignes de ce nom

Je dirais :


« j’adorrrrrrrrrrrre ! »


Les Esprits se moquent :


« pffft ! Il avait des moustaches incapables de percevoir

autre chose que son ego. »


Je réponds :


« Oui, mais lui, il savait peindre ! »


Le livre s’en mêle

Ecrivain-2s

Il m’écrit, de sa plus belle écriture en pleins et déliés :



« Il y a du chat chez toi, Ada, je l’ai toujours pensé ! »


Chat-ok.jpg

        Je me demande bien ce qu’il insinue par là...



mais voilà qu’il poursuit en me citant Nietzsche...



Chat chapeau vert

       C’est fort !



Un instant de méditation s’en suit

Nous gardons religieusement les yeux mi-clos

La philosophie, ça se déguste lentement.

 


Soudain le livre spasme

il se ferme

s’ouvre

hésite

il est en plein désarroi


 

 Wap yeux


       Les esprits l’observent

l’air inquiet

ils savent le martyre de l’indécision

enfin il se décide

il nous offre l’image

étrange

d’un cheval cabré

prisonnier des glaces

dont les hennissements silencieux

déchirent l’air

Nous frissonnons

il fait très froid brusquement

il fait nuit noire

il est l’heure de se retirer

au chaud


Allez ! je tire les rideaux.

 

©Adamante

     Ciel d'hiver Chat-copie-1

 

 

 


13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 00:15

 

Brindille-copie.jpg

 

 

Le jour de sa naissance, elle n’avait pas encore pointé le nez que les arbres, liés par les racines en un réseau compliqué de transmissions,  propageaient la nouvelle : 


« Elle arrive ! » 


La nouvelle avait circulé dans les souterrains sombres, dans les rochers, au milieu des herbes, jusqu’au ciel, par le tronc et la cime, car ceux qui vivaient là-haut étaient eux aussi soucieux d’être informés.


Tout le monde attendait.

 


Le vent, tapi dans l’air, silencieux et présent à la fois, se tenait prêt à bondir.


Sur les branches, les oiseaux impatients se retenaient de chanter, mais c’était difficile, un cœur d’oiseau  cède facilement au bonheur, rien que d’entendre : « Elle arrive ! » cela les bouleversait.


Les arbres du jardin, proches de la maison, guettaient, ils étaient à l’écoute prêts à lancer la nouvelle, à raconter au monde, dans leur langue d’arbres, son tout premier cri.


Et quand elle le poussa ce cri, un petit cri de brindille à la fois surprise et ravie, gênée et curieuse, la terre se mit à vibrer de toute son écorce.

Le vent jaillit bousculant l’air pour qu’il fredonne sa mélodie de bienvenue.

Alors les oiseaux laissèrent exploser leur joie en des trilles compliqués et savants qui s’envolèrent vers les nuages. Les nuages pressés par le vent s’en furent le raconter à la mer et la mer se mit à chanter à l’enfant sa berceuse de vagues qui depuis cet instant habite son âme.

Tout ce qui était sensible et simple, tout ce qui avait pouvoir de s’émouvoir, uni dans la joie avait rayonné pour l’accueillir.


C’est ainsi que ça s’est passé !


Depuis, les arbres, les herbes n’oublient jamais de la saluer quand elle passe, alors elle s’arrête pour les écouter. Ils échangent en silence, par la pensée et, je l’ai vu, de bien étranges lueurs traversent alors le champ visuel.

Mais il ne faut pas trop parler de ces choses-là, pour ne pas déranger, pour ne pas effrayer, au monde des brindilles, on se renferme très vite dans sa coquille.

Une brindille ne sort jamais de sa réserve.


Ce que je sais, c’est que les enfants, qui ont pouvoir de voir et d’entendre ce que nous autres ne voyons ni n’entendons plus, la reconnaissent eux aussi, ils lui font confiance, ils lui tendent la main et lui offrent leur sourire.


Aujourd’hui les arbres gelés, le vent de l’hiver, les brindilles figées de glace, la mer au loin, les oiseaux frigorifiés sur les branches et les enfants dans leur classe où le froid s’est installé, lui diront chacun à leur façon ces mots :


« Merci d’être venue ici, sur cette terre, et tous chanteront pour se réchauffer : joyeux anniversaire (petite Anne ou petit âne ?) »

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©Adamante

 

 



 

 

 


11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 23:27

 

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Voilà que les Esprits sont venus en délégation m’interrompre dans mes méditations.


Notre livre magique de contes était en train de danser dans le salon, entraînant dans sa ronde tous les livres, jeunes ou vieux de la bibliothèque.

Ils secouaient leur poussière avec une vivacité que je n’aurais jamais soupçonnée chez un livre de bonne compagnie. Mieux, ils volaient, spectacle étrange et fascinant.

 

Sa danse terminée, le livre me tira par la manche pour que je le lise, il jubilait.

Il sauta dans mes bras et m’invita à m’asseoir, aussitôt la compagnie des poilus arriva pour écouter.


J’évite de penser à mon rôle dans cette famille, je crains d’y rencontrer ma servitude.

Une telle prise de conscience ne me serait-elle pas préjudiciable ?

Je décide de conserver l’illusion de régner en ma maison.


Le livre se fait tendre, il me parle du soir, une vaste étendue de silence peuplée de nuages.

J’aime quand il m’entraîne ainsi à la découverte.

Je lui souris, il a l’air content.

J’entends son souffle comme les vagues de la mer, à peine un peu moins agiles par ce froid, à peine un peu plus retirées.

 

"À peine…"

 

Ces deux mots font des miracles lorsqu’ils évoquent une image, un sentiment.

Soudain tout se décline en demi-teinte.

 

À peine…


Voilà que le livre s’active, il se trémousse, il me tricote une idée en rouge et noir, j’entends le cliquetis des aiguilles :


« avant, après, avant, après »


Le fil tisse la trame d’une œuvre gigantesque dont je ne perçois presque rien, le monde est bien trop grand.


Ce fil qui vient de loin, qui est là et qui passe, qui va si loin, d’où vient-il ? où va-t-il ?

Qu’est devenu tout ce qui fut ?

 

Une patte vient me rappeler à la réalité d’ici et maintenant, avec douceur, juste un effleurement, un « presque rien» qui vous comble.

 

«Tout va bien, le nuage est passé,  à peine une question existentielle ! »

 

Soudain tout se met à pétiller, j’entends une comptine-réclame qui sort de la page :

 


« Tricotinobulle, tricogesticule,

à l’envers, à l’endroit, caverne d’Ali Baba,

à l’endroit à l’envers, plein de cadeaux à se faire ! »

 

 

Un arc-en-ciel de fils de couleur s’élance de la page vers le plafond, les Esprits s’échauffent, ils cherchent à l’attraper, mais l’arc-en-ciel est véloce, il va très vite, il roule, s’enroule, se cache, les Esprits bondissent, quel remue ménage.

J’aime ces moments de joie qui leur mettent la tête en folie.


Le livre se lasse, il aspire l’arc-en-ciel qui disparaît dans la page.

 

Il a décidé d’être aimable ce soir, de me faire plaisir, il m’offre ce que j’aime par-dessus tout :  des poèmes chinois.

Des poèmes avec la lune et le vin, le chemin du Tao, l’instant que l’on goûte sans arrière-pensée, simplement en se coulant dedans comme dans un nid douillet.


Je suis aux anges.


Alors que je murmure ces quelques vers à voix haute, pour le plaisir de les sentir en bouche, de leur rendre toute leur vibration, le livre doucement se referme, les Esprits se retirent et moi, je rêve...


« Who shi » ( je suis).

 

©Adamante

 

 

 

 

 

2 février 2012 4 02 /02 /février /2012 20:02

 

Le conte5 copie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Esprits tout de même !

 

 

Est-ce parce que le froid se fait sentir ? voilà qu’ils insistent pour reprendre la lecture du livre magique, vous savez, celui qui n’en fait qu’à sa tête et s’ouvre où il le veut...

 

Une vraie tête d’Esprit que ce livre, je n’arrive pas à le discipliner !

 

Que puis-je faire ?

 

 

Je prends place, tout le monde se colle contre moi.

 

 

Le livre me regarde avec la satisfaction de celui qui a gagné et s’ouvre avec élégance sur un arbre tout poudré de neige, je fonds.

 

Des mots apparaissent sur le blanc du papier « sculpté par le temps… ».

 

Je me demande :

 

«Lorsque le temps m’aura sculptée comme il a sculpté cet arbre, est-ce que je lui ressemblerai ? » 

 

J’avoue que j’aimerais.

 

Mais je ne dois pas penser à cela, il me faut respirer dans le flocon présent qui s’offre et me comble.

Je m’y installe en souriant.

 

Mais les Esprits semblent pressés ce soir, une patte me rappelle à la réalité du livre qui soupire une seconde fois, comme si vraiment je l’ennuyais à rêvasser comme ça.

 

Je lui rappelle qu’un livre magique ne s’insurge pas contre le rêve et les rêveurs sans risquer de devenir un livre banal qui a intérêt à être le fruit d’un auteur de talent s’il ne veut pas finir recyclé en pâte à papier.

 

Je suis de bonne composition mais tout de même, il exagère et je n’ai pas l’intention de me laisser faire.

 

J’ouvre à la page qui me plaît, une que j’avais repérée en le feuilletant, une image qui m’emporte et me fait rêver encore plus loin que la neige.

 

Je glisse émerveillée sur sa surface polie qui se termine en une explosion de concrétions minérales.

 

 

Je dis tout haut, pour affirmer ma détermination à ne pas me laisser submerger par la tyrannie d’un livre et de quelques Esprits frondeurs :

 

« Voilà une image qui  me peigne dans le sens du poil ! » 

 

Aucune réaction, la surdité est une vertu essentielle chez les Esprits.

 

 

C’est vrai, elle m’éclabousse de bonheur cette image et je rêve, je rêve, je glisse comme une barque sur un fleuve tourmenté, ravie d’être bousculée et ruisselante d’écume.

 

Un souvenir me revient, c’était il y a longtemps déjà, une confluence entre deux eaux chargées d’histoire qu’une Dame au doux nom de fleur, Véronique, m’avait donnée à voir.

 

Il y a des fleuves magiques, tourmentés parfois, mais si beaux.

 

 

Je referme le livre :

 

« Pfttt ! »

 

Je me retiens !

 

Il faut savoir se taire, alors je me tais !

 

 

 

Les Esprits se détournent et s’éloignent, indifférents comme la justice.

 

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Je me sens seule, incomprise,  à fleur de peau !

 

Et pourtant, je sais bien que j'ai raison !

 

Et vous ?

Allez-vous partir sans me laisser quelques mots, tout  imprégnés que vous êtes de ces images  porteuses du rêve ?

 

Quelques « compoésies » par exemple, pour me dire :

 

«Oui tu as raison de rêver ! »

 

Comme ça, la prochaine fois que certains que je ne nommerai pas, viendront en se frottant, tout gentils et oublieux de leur attitude, pour que je leur dise quelques contes, je pourrais les leur lire et  leur dire : 

 

« Pfttt ! »

 

 

 

 

 

1 janvier 2012 7 01 /01 /janvier /2012 19:00

 

 

Le Chant du Quetzal

 

 

Un parcours initiatique au travers des mythes, légendes et contes

de l'Amérique latine.

 

Samedi 21 janvier à 20 h -  Dimanche 22 janvier à 18 h

Je serai au Centre Mandapa

 

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Pour connaître tout le programme du XXVIème festival des contes d'hivers 

un Clic ci-dessous

 

Contes d’Hiver XXVI – Narrations en Musique – 14 janvier au 13 février 2012

 

15 novembre 2011 2 15 /11 /novembre /2011 12:08

 

 

ciel d'avion copie

 

 

 

Ce matin les avions ont déjà tracé leur signes sur le grand tableau du ciel.

De nombreux triangles, un rectangle, un losange, des ébauches de cercles, quelques parallèles, mais pas d’étoile, jamais d’étoile dans le ciel du matin, la nuit peut-être, mais on ne les voit pas, il fait trop noir.


J’ai remarqué que les avions, lorsqu’ils écrivent, écrivent surtout des A, des M, des W, parfois ils ébauchent un L, mais cela ne leur est pas aisé, ils le ratent, alors, et c’est malin, il le transforment en angle droit.


On peut parfois observer un long moment leurs signes dans le ciel, mais d’autres fois, le Maître du ciel, sans doute insatisfait de leur travail, efface rapidement tous ces entremêlements et les avions n’ont plus qu’à recommencer.

Remarquez, cela ne les dérange pas, leurs voyages sont longs et c’est leur façon à eux de s’amuser et de tuer le temps en attendant de se poser.


©Adamante

 

 


2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 16:05

Conte de la toile 10

 

Les Esprits tout de même !

Voilà que ces individus d’habitude ont décidé de changer.


Me voilà à peine éveillée, que j’entends un grand « Boum » aux infos : on a fait brûler Charlie Hebdo.

Les oreilles se dressent.


Qu’a-t-il dit le Monsieur qui cause dans le poste ? Charia hebdo ? 

 

On a plus le droit de plaisanter avec les saints maintenant, avec les dieux, avec tout leur saint frusquin, sans que ce soit un blasphème puni par le feu.

Autodafé s’écrit en lettres de flammes vengeresses sur le ciel parisien, celui de la République avec sa jolie devise :


"Liberté, Égalité, Fraternité" auquel je rajoute "Laïcité".


Désuets les mots n’est-ce pas ? j’avoue, des mots qui ont désormais le visage des promesses électorales, propres dessus, sales dessous, ou carrément inexistantes, des chimères.

 

Soudain un esprit me demande :


« Dis-moi, moi qui ne crois qu’à la déesse Bastet, comment puis-je faire un blasphème en critiquant l’église, l’islam ou les autres religions, puisque je ne n’ai pas de religion ? »


Là, je tousse, vivre avec des Esprits n’est pas chose aisée, la question est pertinente, mais que voulez-vous donc que je lui réponde ?

Moi non plus je n’ai pas de religion avec tout ce qui va avec comme les écrits, les rails, la façon de faire, de s’habiller, de manger, les horaires, les interdits, la nécessité de faire du prosélytisme pour être certaine d’avoir raison…


Alors, prise d’une inspiration subite je lui réponds :


« C’est peut-être que l’on est déjà soi-même  un blasphème par le simple fait d’être comme ça, libre et que ça dérange, »  et je rajoute,  « il fut un temps où toi et moi on nous aurait brûlés ensemble sur un bûcher pour la plus grande joie des braves gens bien pensants qui seraient venus se régaler du spectacle.

Toi, on aurait pu aussi t’enfermer dans un sac de jute et te jeter du clocher d’une église pour t’apprendre à ne pas adorer le diable et moi on m'aurait enfermée dans  un même sac lesté de pierres et jetée à la rivière ."

 

L’Esprit blêmit, de toute évidence il est bouleversé et je me dis que j’y suis peut-être allée un peu fort.

Je me dois d’atténuer un peu mes propos, lui expliquer qu’ici il ne risque rien, que tout ça c’est fini, bien fini… bien fini ?

Soudain je suis dubitative, pas si sûre au fond, quand une poignée d’intégristes catholiques manifestent (voir la vidéo) contre la pièce de Romeo Castellucci « Sur le concept du visage du fils de Dieu » au théâtre de la ville et qu’une poignée d’intégristes musulmans sont soupçonnés d’avoir incendié les locaux d’un journal, on a peut-être intérêt à demeurer vigilants.

 

Le germe de l’intolérance est là qui couve et se tient prêt à  croître au moindre souffle favorable.


J’en suis là de mes réflexions lorsque l’Esprit me demande :


« C’est quoi le diable ? »


Là, j’abandonne, ce serait trop long, il est trop tôt pour entrer dans les considérations fort personnelles du bien et du mal, surtout moi qui crois à la complémentarité des choses et à leur nécessaire maîtrise pour atteindre l'équilibre.


Mais je ne peux laisser cette question sans réponse, alors je dis :

 

« Le diable c’est une sorte de chèvre toute noire, avec des cornes qui fument et des yeux de braise, qui court la nuit pour tirer le drap des braves gens quand ils dorment et leur faire des propositions malhonnêtes en échange de leur âme ! »

 

L’Esprit me regarde alors bizarrement, de toute évidence il se demande si j’ai pu abuser d’une substance illicite qui aurait pu modifier mon comportement.


J’en profite pour disparaître dans la cuisine et me faire passer un café.

 

Quand je reviens, la tasse à la main, ils sont là, autour de notre livre de légendes personnelles.

Ils me signifient que l’actualité de ce matin c’est trop, qu’ils veulent instiller un peu de rêve dans ce monde de brutes mal dégrossies.

 

Je m’écrie :

« mais ce n’est pas l’heure ! »


Pas un poil ne bouge, les yeux restent plissés, à peine une fente pour me fixer avec détermination.

Je craque, comme toujours, je craque. Les Esprits ont une force qu’il serait vain de contrer.

 

Le livre qui ronflait se réveille en froissant ses pages d’un air guilleret, en voilà un qui se réveille de bonne humeur et il est de mèche avec les Esprits.

Voilà, je n’ai plus qu’à lire.


J’ouvre une page au hasard, bien que je commence à me demander si ce mot n’est pas plus menteur que les autres… Mais bon, j’ouvre, au hasard.


Une petite fille, à qui  sa maman a offert une drôle de chose  qu'elle tient entre ses mains, apparaît sur le blanc cassé de la page.

C’est un soleil, avec tout plein de rayons, 68 pour être précis, tous différents les uns des autres mais tous unis dans la lumière, tous unis dans la tendresse et l’amour.


Un titre s’inscrit en lettres d’espoirs, il est beau comme un jour de printemps ou une nuit étoilée :


« La boite à rêves »


et là j’oublie, le feu, la mort, les menaces, les craintes…


Savez-vous, nous dit le livre, que la plus grande force au monde est l’amour ?

Écoutez !


Nous tendons l’oreille, on dirait un battement de cœur, au début il est presque inaudible car le cœur semble faible, mais peu à peu le son enfle, le cœur s’emballe, il rythme sa vie sur l’espoir et tout devient sourire.


Au centre du soleil apparaît un point rouge, rouge comme la vie, rouge comme le sang qui pulse et nourrit.


Alors je comprends, quelque part, un enfant malade attend que sorte de cette boîte à rêves, son rêve, son espoir, devenu enfin réalité, grâce à nous qui avons entendu son message.

 

L’entendez-vous ce cœur qui appelle ?


Frappez à la porte, c'est ici, vous verrez, c’est magique.


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Lui répondrez-vous ?

 

©Adamante

 

 

 

 

27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 18:40

 

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Brrr, cette soirée d’octobre, ce froid humide qui pénètre à travers le pull, entre-deux pénible, qui engourdit le corps et l’âme.


Les esprits ont disparu, ils sont roulés en boule quelque part où il fait chaud.


Un parfum de caramel émanant d’un appartement voisin éveille mon désir de me faire un petit plaisir. Je vais dans la cuisine me chauffer un chocolat.

Les Esprits, qui toujours ne dorment que d’un œil, se précipitent.

 

La cuisine, lieu fascinant parce qu’interdit en dehors de ma présence, les attire comme le miel les mouches et ils ne sont pas les seuls. Les plantes, qui apprécient le soleil matinal, s’y développent avec bonheur et se chiffonnent aussitôt si par hasard je cherche à les déplacer.

Autant vous dire qu’ici, où paraît-il je règne en maître, tout ce qui vit m’impose sa loi en abusant de la plus grande force : le silence.


Mon chocolat en main, j’invite les Esprits à me suivre. Ils résistent, ils sont sourds, ils me tournent le dos, statufiés.


«Ah mes gaillards, vous vous croyez les plus malins, vous allez voir !»

 

Je prends le livre des contes, m’installe confortablement et demande à voix haute :

 

« Livre, mon beau livre, que va tu me raconter ce soir ? »

 

Le livre, malin lui aussi, hésite à retenir mon doigt qui feuillette les pages :

« flp, flp, flp» le doux son répétitif du papier s’égrène dans l’espace, glisse le long du canapé, rampe sur le tapis et rejoint la cuisine de l’indifférence.

Aussitôt c’est la ruée, la porte n’est presque pas assez large pour absorber la vague frontale qui me submerge.

Comme le dit la sagesse populaire « on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre ». Je confirme.


Tout le monde est là, le livre ronronne, il s’ouvre en baillant, nous fait un clin d’œil et nous dit péremptoire :


« Esprits, vous dont le ventre est garni de croquettes et qui boudez parfois devant un mets de choix, entendez bien l’histoire d’un matou vieil et avisé, qui fut sage en son heure et n’eut point la bêtise de bouder, tout modeste qu’il soit, le repas que la providence en sa grande bonté un jour lui présenta . Car un tien vaut mieux que deux tu l’auras ! »


Nom d’un Raminagrobis, voici bien une fable empreinte de sagesse.

 


Les moustaches tremblent, les cœur s’emballent, les Esprits se troublent. Le livre serait-il contrarié ? Le silence un instant s’installe.

Flp ! Un esprit d’une patte mesurée, vient de prendre l’initiative de changer de page.

Une forêt singulière, sans doute enchantée, nous invite à nous enfoncer au-delà de ses apparences.

Une brume filtre la lumière du jour

des troncs

fuselés d’espace

grimpent à l’assaut du ciel

Ici tout est voilé

Mais ici

Tout est invitation

Une voix de silence murmure

Avance, tu découvriras

Avance, tu deviendras

Ici, les mots se pèsent

Avant que de se dire

Ou se disent

Portés par le vent

Qui souffle des profondeurs.

Avance, tu seras

Avance, tu reviendras…

Nous avançons

Soudain,

une vierge*

visage lisse

sourire intérieur

nous apparaît

Sa beauté rayonne des mystères

que les mots

bien trop courts

sont incapables de dire

nous oublions le temps

nous oublions la peine

nous oublions tout

tant sa douceur nous pénètre

nous habite

et l’enfant

qu’elle tient

endormi

dans ses bras

abandonné

en confiance

nous indique le chemin

à suivre.


Comme le temps passe vite

La nuit

Déjà

La chouette qui hulule

Au lointain

Bientôt le premier jour du mois

Quelques sirènes chantent

Dans un recoin de ma mémoire

Les aventures d’Ulysse…

Sur son métier de poussière

Pénélope attend

Faire et défaire

Quelle occupation !

Pauvre Pénélope

Mais rajoutez lui un O

Un simple O

Plus d’attente,

Plus de larmes

Plus de tissage interminable

Adieu filets des ces femelles à nageoire

Dans l’océan des rêves

Une voix chante

« Ô » joie

« Ô » espoir

le jour du lien est arrivé

Vous connaissez ?


Que de vie il y a dans tout de même

Sur la toile

Et tout cela

Tenez

Vous l’avez

En secouant

Un simple boîte

Une boîte à rêves


Chut

J’entends ronfler les Esprits

Le livre ne veut plus s’ouvrir

Il en a trop dit ce soir.


Je tire les rideaux.

 

Adamante

 

* Sculpture de Pascale Gautron-Davy

 

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  • Adamante
  • Comédienne, metteur en scène, diplômée en Qi Gong, j'écris, je peins.
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