"Rose Martin des Senteurs" ©Acy

Elle s’était écrite

au soleil

là, sur la vieille porte.

Il n’y avait pas eu de vent

seulement le regard

du bois

amoureux de l’ombre

qui caressait ses veines

avec passion

il s’était imprégné d’Elle

de ses formes

de sa grâce

il l’avait gravée

profondément

en lui

il l’avait faite sienne

il savait

la malédiction

de la nuit

les lendemains

d’absence

alors il l’avait sculptée

dans sa chair

il l’avait aimée

de toute la force

de l’amour

au matin

au jardin

elle avait disparu

mais

gravée dans le bois

sur la vieille porte

transfigurée

elle était là

épanouie

sublime

la rose.

©Adamante

Il est assis

contre le mur

près de la porte

du supermarché

son chien dort

la tête

sur ses genoux

il sourit

il ne voit pas la pluie

il ne sent pas le vent

il a oublié sa solitude.

La boîte en fer-blanc

est là qui attend

une pièce

l’attention

d’un passant

pressé

toujours.

Il sourit

sa main caresse

machinalement

la tête du chien

tous deux

ont les yeux fermés

le bonheur

dans la rue.

Tout à l’heure

en passant

une petite fille

s’est arrêtée

intriguée

elle a regardé la boîte

les quelques pièces

qu’elle contenait

comme une sorte d’appel

et d’un air grave

elle a sorti

son porte-monnaie

a déposé une pièce

puis

une autre

elle s’est accroupie

face à lui

l’a observé un instant

avec attention

sans doute satisfaite

elle a souri

« je n’aime pas ta barbe ! »

avant qu’il ait eu le temps

ne serait-ce que d’être surpris

elle a déposé un baiser rapide sur sa joue

« … mais j’aime tes yeux… »

alors

légère comme un oiseau

elle s’est relevée

a couru

retrouver sa mère

qui appelait

là-bas

au coin de la rue

à mi-chemin

elle s’est retournée

elle a crié :

« … ils sont très beaux ! »

©Adamante

"l'enfant" extrait - huile sur toile adamante

     LES CROQUEURS - D 79

 PASCALE 

Rouge

sang

feu

vie

été rutilant

cœur brûlant

sentiment qui flamboie

Le Sud

les cigales

les herbes

crépitent

desséchées de soleil

Orange

sérénité

l’écoute

sans mots

un Sud qui se prolonge

l’être

dans le silence

effacé

mais puissant

agit

laisse dire

maître

sans souci

de

paraître

Jaune

l’or

la terre

humide

douce

tendre

réservée

l’été indien

le centre

pensée apaisée

incarnation de l’être

bouton d’or

visité de bourdons

chants des grillons

dans l’herbe

jamais fatiguée

Blanc

un ciel d’automne

l’air magnifié

aux reflets

métalliques

une voix

apaise

l’inquiétude

mouvement

rythme perpétuel

des chemins

de naissances en morts

transformations

l’ouest

passage vers la nuit

dernier éclat

de la lumière

sublimée d’ombres

dernière ombelle

fleurie

avant la nuit

Bleu

l’eau

le froid de l’hiver

qui écoute

la palpitation

cachée

de la source

caverne de la vie

en gestation

dans la nuit céleste

écrin de la force

tranquille

la peur maîtrisée

des mystères

le trait sans fard

l’esquisse pure

améthyste et indigo

de la nuit primordiale

quintessence des souffles

Vert

la croissance

infinie

l’appel du ciel

le bois

qui monte

monte

s’élève

l’Est souverain

porte de la lumière

l’espoir

le renouveau

la vie qui fuse

griffes acérées

dans une larme

l’arbre

souverain

âme spirituelle

symbole

de force et de souplesse

toute colère

maîtrisée

le regard

ouvert.

©Adamante  

  Un clin d'œil poétique à la MTC "correspondance des 5 organes avec divers éléments" plus la  couleur orange.

                  JEUDI EN POESIE

PASCALE 

Elle marche

sur le quai

si petite

si vieille

si effacée

si grise

dans ses habits usés

elle observe les eaux

sombres

où nagent quelques canards...

sous ses pieds

quelque chose roule

elle glisse

risque de tomber

se reprend

retient un juron

elle regarde

se penche

tend la main

c’est un crayon

là, sur les pavés

un crayon de couleur

sur lequel elle a marché

elle le ramasse

l’observe

il est rouge

à peine entamé

rouge

comme le soleil couchant

rouge

comme le feu

et soudain

elle sourit

ce rouge la réchauffe

la réveille

c’est l’été

le sud

les cigales

soudain elle a cinq ans

elle s’avance vers un banc

face au canal

elle s’assied

elle ouvre son sac

farfouille un instant

sort un petit carnet

noir

tenu par un élastique

elle défait l’élastique

ouvre le carnet

alors

en se mordant le bout de la langue

avec application

elle trace

ces mots :

« Jeudi »

« au bord du canal »

« j’ai trouvé un crayon »

« rouge »

et sous les mots

elle dessine une fleur. 

©Adamante

Pour quelques mots offerts ...  quelques mots en retour, pour Toi.

Et,

Cette semaine

J’ai vu

Les arbres

En floraison

Le merle qui

chantait

Quand j’étais

Si proche

cette tristesse

en moi

Son regard

D’accueil  

©Anne le Sonneur

L'enfant triste - illustration Adamante 2012

Et moi

à cet instant

j’ai vu

dans le bleu

de mon ciel

à l’intérieur

de mes espaces

un vide

plein

vibrant

joyeux

protecteur

alors

j’ai compris

rien

absolument

rien

ne pourrait

désormais

ternir ma joie

rien

mis à part

mon oubli

ma désertion

mon absence...

Dans ce bleu du ciel

Elle était là

mère des mères

sourire

et

lumière

détachement

tendresse

m’entourant

simplement

sans mot

sans demande

en moi

autour de moi...

la vie,

en partage.

©Adamante